Le géant ASTRUC
Il vit le jour à l’occasion d’une grande fête organisée pour le centenaire de la Société des Archers de Saint Sébastien de Cohem; le responsable de la fête, Monsieur Jules Cocheteux, imagina de créer une gigantesque marionnette. Astruc était né. A l’époque il mesurait plus de 10m. Il fut détruit durant la première guerre mondiale. Il était mort dans l’esprit de beaucoup jusqu’en 1977 où l’on commence à évoquer de nouveau ce géant jusqu’en 1986, où Daniel CHABASSE, à l’époque adjoint à l’animation, décide de faire revivre ASTRUC.
Il a le gîte et le couvert dans la galerie de l’Espace Culturel Agora Maurice Codron, avenue Paul Bert, où vous pouvez l’admirer, fringant dans ses habits de dandy, fier symbole de « la ville comme on aime ».
Pourquoi Astruc ?
La création d’un géant obéit toujours à des motivations profondes.
Incarnant la commune dont il est le symbole, ses caractéristiques ne sont pas laissées au hasard.
On peut donc s’interroger sur les raisons qui ont amené Jules Cocheteux à appeler son géant « ASTRUC » et à le qualifier de « fondateur de la ville de Lys ».
Deux versions nous ont été données sur l’origine du nom.
En 1903, ASTRUC est le nom d’un journaliste célèbre, né à Marseille le 07/01/1857 qui commença à 20 ans une carrière qui connut un retentissement national. C’était un ami personnel du poète Frédéric Mistral.
Louis ASTRUC mourut le 4 avril 1904.
Est-ce l’influence de ce journaliste qui s’était imposée à Jules Cocheteux au point de le pousser à donner ce nom à son géant ?
Une autre version très différente est celle qui consiste à penser qu’au cours du montage de la marionnette géante, chose qui ne devait pas être aisée quand on pense aux dimensions de l’ouvrage et aux complications que cela entraînait, les créateurs se soient écriés : « Ah! quel truc ». Ah, ce truc! Et au moment de lui donner un nom, la répétition de cette exclamation se soit imposée à leur esprit.
Mais pourquoi, fondateur de la ville de Lys ?
Il faut se rappeler qu’en 1903, Lys Lez Lannoy est en pleine expansion.
Le modeste village qui ne comptait que 202 habitations et 1171 habitants en 1840, avait atteint alors près de 6500 habitants pour 1500 logements.
Sans oser se comparer bien entendu à Roubaix, sa grande voisine, Lys est devenue un centre industriel de bonne importance. La ville compte alors deux filatures de lin dont l’une, celle de Messieurs Boutemy frères, (l’un d’eux Louis Boutemy est maire de la commune) établit en 1847 est devenue l’une des plus importantes de France, elle occupe plus de 1000 ouvriers. L’autre filature de lin est celle de Monsieur Louis Delannoy, si elle est moins importante, elle n’en est pas moins prospère.
De nombreuses autres entreprises (tapis, couvertures, tissus d’ameublement, tanneries, fonderies etc…) font de Lys Lez Lannoy une ville industrielle moyenne en pleine évolution.
Le centre de la commune vient de se doter d’une église aux dimensions imposantes qui a été inaugurée le 29 octobre 1901.
Les lignes de tramway relient Lys Lez Lannoy aux villes voisines et lui assurent des communications faciles.
Bref, la cité est en marche.
Tout ceci explique que les créateurs du géant « ASTRUC » aient voulu présenter un personnage de leur époque, vêtu comme un « Monsieur » qui soit le symbole de leur ville dont ils étaient fiers.
Les armoiries de Lys-lez-Lannoy
Théodore Leuridan dans son Armorial des communes du département du Nord cite :
Lys – Ferrain; Canton de lannoy « Vairé d’argent et d’azur, au chef de gueule ».
Il indique que ces armes traditionnelles sont mentionnées page 26 de « La marche de Lille », manuscrit de 1556, de la bibliothèque municipale de Lille, édité en fac-similé par M. Van Driesten (Lille 1884 In-4) ainsi que dans les manuscrits de Muyssart et Jacops.
Les armoiries de Lys sont également représentées dans une superbe carte de 1,15m sur 1,27m composée en 1623 par Martin Doué, graveur héraldiste lillois, reproduisant l’armorial des châtellenies de Lille, Douai et Orchies.
Elle porte cette indication en guise de titre :
« Cette carte contient la description de la grandeur de la Flandre Gallicante et partie de la Flandre Flamingante, si avant que le diocèse et évesché de Tournay s’extend, ensemble les armoiries de toute la noblesse, avec une briefve déclaration des choses plus remarquables contenues en icelles. »
Malheureusement pour le village de Lys, Théodore Leuridan n’a pas retrouvé les origines de ces armoiries et nous ne savons pas si elles sont très anciennes ou seulement postérieures à la création de Lannoy.